mardi 9 avril 2013

La violence à l’Ecole : pour en finir avec l’impunité


Il ne se passe pas une semaine sans que l’Ecole soit le lieu de violences qui parfois peuvent tourner au drame. Les chiffres sont effectivement alarmants : près de 1 élève sur 10 ferait l’objet de harcèlement, de plus en plus d’enseignants sont l’objet de violences verbales et physiques.

Cette violence concerne tous les acteurs du système scolaire. A côté des classiques conflits entre élèves ou entre élèves et professeurs, se multiplient les conflits entre les professeurs et les parents. Ces derniers sont non seulement inquiets mais dénoncent le mauvais fonctionnement de l’Institution qu’ils jugent, à tort ou à raison, incapable de résoudre le problème. Les conflits entre professeurs ne constituent plus un fait rarissime, quand ce n’est pas entre le professeur et l’administration. Une proportion non négligeable de jeunes professeurs remettent leur démission après trois années d’exercice dont la raison principale est motivée par leur incapacité à surmonter les difficultés liées aux conditions de travail et notamment celles liées à la violence. Un climat délétère qui amène le Ministère de l’Education nationale à prendre d’urgence des mesures.

C’est ainsi qu’en 2010, sous l’autorité de Luc Chatel, a été nommé un expert, Eric Debardieux, chargé de proposer des solutions pour résoudre le problème. A ce jour, la seule préconisation a été de revoir les règlements intérieurs des établissements, avec notamment une diminution du rôle des Conseils de disciplines jugé trop répressifs. Il faut savoir que cette instance, qui ne se réunit qu’à titre tout à fait exceptionnel, prononce des exclusions temporaires ou définitives. Dans la majorité des cas, le ou les élèves ainsi exclus, se retrouvent rapidement réintégrés dans un autre établissement scolaire sans que vraiment le problème n’ait été résolu, puisqu’aucune aide spécifique n’a été prévue ou ne vienne les encadrer. Dorénavant, c’est une commission éducative composée à la discrétion du Chef d’établissement qui est censée promouvoir la responsabilisation des élèves. Toute initiative qui encourage le dialogue dans l’établissement pour apaiser les tensions ne peut être que bénéfique. Toutefois, les mots ne suffisent plus, il faut trouver d’autres solutions. Les élèves indésirables qui auparavant auraient été exclus continuent désormais à demeurer dans leur établissement. Finalement, les fauteurs de troubles peuvent continuer à exercer leur exercice favori en toute impunité ! 

Cette culture de l’impunité concerne aussi ceux qui sont censés protéger enseignants et élèves contre la violence : ainsi, le 20 juin 2011, lors du drame du collège de Florensac dans l’Hérault qui a vu le décès d’une adolescente de 13 ans sous les coups de poings mortels d’un jeune camarade, ni la CPE, ni le Principal du collège, qui avaient pourtant été dûment alertés par les parents de la victime avant le drame, n’ont été mis en cause mais simplement mutés dans d’autres établissements. Quelles sont aussi les responsabilités de l’administration centrale, inspections générales, rectorats, ministère ? Celle-ci est parfois bien loin des problèmes qui se posent sur le terrain si bien que les enseignants ont très souvent le sentiment d’abandon de leur administration. 

A l’heure où est entreprise une ambitieuse refondation de l’Ecole, il est temps d’en finir avec cette culture de l’impunité et d’affronter sans à priori cette violence croissante qui mine la vie de nos établissements et ne permet pas aux élèves et aux professeurs de travailler sereinement.