dimanche 19 mai 2013

La sortie de la crise par la croissance, une illusion ?



La société de consommation de masse disparait du paysage économique, pour laisser la place à une société nouvelle en train de se construire et dans laquelle chaque citoyen Français est largement impliqué. Une nouvelle économie concentrée sur la question de la rareté des biens, ça c’est pas nouveau,  par contre la rareté du travail, la protection de la nature et de l’environnement, les économies d’énergie et le développement durable le sont.
A l’inverse des pays émergeants,  les économies de croissance des pays industrialisés sont à bout de souffle depuis plus de dix ans, alors que la population mondiale continue de croitre selon une évolution exponentielle.

La croissance des Trente Glorieuses est morte, il faut l'accepter. Ni l'État, ni les entreprises ne la ressusciteront. La croyance en la croissance est une impasse intellectuelle et sociale. Cultivée à gauche via un keynésianisme galvaudé, à droite via un affairisme pseudo-entrepreneurial, la sortie de crise par la croissance est une illusion qui nous fera d'autant plus de mal que nous mettrons du temps à la dissiper. Il faut le dire haut et fort : nous n'atteindrons plus jamais 4 % de croissance sur une décennie. À moins de reconstruire un pays détruit par une guerre, ce qui est à écarter par principe.

Une croissance négative n'est pas nécessairement synonyme d'appauvrissement. Elle n’est qu’une composante du développement économique, social et humain, du développement durable qui poursuit son chemin.  La France demeure une grande nation et son rôle majeur dans la construction européenne reste essentiel. Son avenir est désormais intimement lié à l’Europe.

La croissance est l’augmentation de la production d'une année sur l'autre, mesurée par le taux de croissance, la production étant elle-même la variation de la richesse : la croissance est donc la variation de la variation de la richesse. On peut donc avoir une croissance négative et continuer à s'enrichir, exactement de la même manière qu'une voiture qui ralentit continue à avancer.  Mais elle accentue les inégalités de richesses et par extension, les inégalités sociales, le chômage étant le signe le plus visible.

Ce n'est pas en invoquant la croissance que nous sortirons de l'impasse, mais en acceptant nos limites et en affrontant nos démons. La recherche de la croissance est une fuite en avant, un refus de voir la situation telle qu'elle est : une impasse. Or pour en sortir, il faut faire marche arrière. En économie, cela se traduit par le début d’un nouveau cycle qui démarre avec la recherche et l’innovation, la recherche de nouvelles technologies, la nécessité de promouvoir tous azimut les investissements productifs ou non (l’Education Nationale, par exemple), la confiance dans l’avenir et dans notre potentiel à faire bouger les lignes.

Les moteurs de la croissance sont en panne : l’investissement, la consommation et le commerce extérieur. Ce dernier met au cœur de la problématique le rôle central de la productivité dans la dynamique de la croissance, productivité qui fait aujourd’hui l’unanimité. D’autant plus que la consommation des ménages, qui était jusque-là le seul moteur de la croissance, vient de diminuer elle aussi. Une demi-surprise seulement  quand on mesure les accumulations de perte de pouvoir d’achat de ces dix dernières années.

Nous avons attendus trop longtemps, à observer les courbes du chômage sans nous demander réellement, dans quels domaines d’activités devront porter nos efforts. La productivité du travail en France est une des meilleures en Europe, celle du capital l’est, hélas, beaucoup moins, la faute au système bancaire trop archaïque et à une administration vieillotte. La formation, si elle est une condition préalable, doit permettre d’ouvrir à nos jeunes diplômés des perspectives nouvelles par la mise en place d’activités répondant à de nouveaux besoins. Ce n’est pas leur courage et leur réussite qui sont en cause, mais leur accompagnement et leur encadrement dès lors qu’ils quittent le système scolaire.

Contrairement à l’idée reçue, le fort taux des prélèvements obligatoires souvent critiqué par les libéraux, alors qu’eux-mêmes l’ont pratiqué, ne constitue pas un handicap. Ils nous maintiennent en bonne santé, nous donnent un niveau culturel élevé indispensable pour un pays qui veut avancer. Plusieurs pays européens ont connu ces dix dernières années des taux de prélèvements élevés qui n’ont pas freiné leur croissance alors que, dans le même temps d’autres pays, comme la Grande-Bretagne, ont réduit leurs prélèvements de façon drastique mais sans connaître de véritable croissance.

Maintenir le cap d’une politique économique et sociale certes sérieuse et responsable mais sans visibilité, ne suffit plus. Les réformes du système bancaire, de la fiscalité et de nos institutions se font attendre. La  France a besoin de ces réformes structurelles pour mettre  en place une nouvelle économie, celle de l’avenir, celle d’une grande puissance économique.  Alors seulement, nos efforts finiront par porter leurs fruits d’ici quelques années.