vendredi 20 septembre 2013

La spirale de la dette publique



Ça roule, ça enfle. Pendant que l’horizon semble s’éclaircir sur le front de la croissance, le flot de la dette publique ne cesse d’augmenter. On nous annonce un trou de presque 2.000 milliards l’an prochain. C’est près de la totalité de la richesse nationale produite en un an. Imaginez un instant que les revenus de tous les français (ménages, entreprises, administrations) soient confisqués pour être consacrés uniquement à  payer  la dette pendant un an et rien d’autre. C’est proprement hallucinant.

Le résultat est vertigineux, rien que le service de la dette (intérêts + partie du capital emprunté) se montera à environ cinquante milliards d’euros, et dépassera tout bonnement le budget consacré à l’Education Nationale, premier budget de l’État par l’importance des dépenses ! Sans la dette publique, on pourrait plus que doubler le budget de l’Éducation Nationale !!

Les dépenses d’avenir sont distancées par celles du passé : on paie les agios d’un endettement pour l’essentiel consacré au financement des dépenses de fonctionnement de l’État (Dans l’Éducation Nationale c’est 80 % du budget) ainsi qu’au remboursement des prestations sociales, et cela toujours à des taux qui n’ont jamais été aussi bas.

Alors que la France perdait il y a plus d’un an son triple A, on pouvait craindre une augmentation des taux d’intérêts. Heureusement, par miracle, il n’en a rien été, mais on peut toutefois s’interroger comment il aurait fallu s’y prendre si les taux avaient été plus élevés, comme en Espagne ou au Portugal, par exemple. La tendance peut se retourner du jour au lendemain, sans crier gare et rendre la charge de la dette tout simplement insoutenable.

Notre fragilité nous tient à la merci d’un censeur invisible mais aussi vigilant qu’impitoyable.
Le signal envoyé par Paris sur la modération de la dépense publique offrirait un répit si le gouvernement donne le sentiment qu’elle sera poursuivie. Mais l’exercice doit être relayé dans deux secteurs où la rigueur – l’effort dans la justice – n’est pas entièrement à l’œuvre : les collectivités locales et la Sécurité sociale. Sur cette dernière, la Cour des comptes tire le signal d’alarme à propos d’une spirale d’une dette sociale « anormale et particulièrement dangereuse. ».  La réforme des collectivités locales se fait attendre. Elle semble pourtant indispensable. Tout autant que la réforme hospitalière, rappelons que les dépenses hospitalières représentent 80 % des dépenses de la Sécu.

Alors en attendant, on poursuit les fraudeurs, on va à la chasse aux gaspis, aux tricheurs qui ne paient pas leurs impôts, on taxe à tout va (impôts sur la dépense =TVA et  impôts sur les revenus à la hausse ainsi que les taxes d'habitation et les impôts locaux) et le système pris à la gorge étouffe dans l’œuf les efforts entrepris pour améliorer la compétitivité. L’objectif d’inverser la courbe du chômage est une utopie et le seul à y croire, le Président de la République, le sait très bien. Mais il aimerait bien créer un choc psychologique comme il a déjà été envisagé ailleurs (choc de simplification …).

Et la France n’est pas la seule, les États-Unis sont eux aussi fortement endettés rendant les marges de manœuvre extrêmement limitées. Le Fonds monétaire international (FMI) vient de réviser à la baisse ses prévisions de croissance pour cette année 2013 et l'an prochain dans le monde. L'institution se dit surtout préoccupée notamment par la crise européenne et les difficultés budgétaires américaines. Aucune région du globe n'est épargnée. "Les politiques économiques menées dans les principaux pays avancés n’ont pas rétabli la confiance dans les perspectives à moyen terme.", note l'institution. Preuve s’il n’en fallait que la crise économique mondiale court vers des prolongations. Pour ceux qui voient une sortie de crise avec un frémissement de la croissance n’est en fait qu’un leurre, visant à redonner de la confiance car sans elle, point de salut.
Dans ces conditions, personne ne se risque aujourd’hui à un quelconque pronostic, car la situation est grave et, à l’exception de quelques pays, proprement ingérable.  Il n’y a plus de théorie macroéconomique qui tienne. L’économie obéit à des lois principalement financières, qui ont des effets désastreux.

Il faut créer les conditions d’un électrochoc car le malade ne fait que survivre. La seule voie qui donnerait un bol d’air consiste à réduire de façon drastique les dépenses de L’Etat, d’au moins 20 % pour 2014. C’est la solution qui est préconisée par l’UE. La Grèce, l’Espagne et le Portugal en ont déjà mesuré les conséquences : chômage en hausse, inégalités et injustices sociales accrues, baisse du nombre de fonctionnaires, baisse du pouvoir d’achat … précisément tout ce que le gouvernement actuel ne veut pas voir.

Voir le Compteur de la dette publique