mercredi 17 juillet 2013

Plats industriels chez les restaurateurs, nouveau logo !



Il y a des jours où nous ne sommes pas très fiers d’être français. Il aura fallu attendre 2012 pour qu’enfin soit révélé une statistique selon laquelle une large majorité de restaurateurs français nous sert depuis des années des plats industriels tout droit sortis de l’usine. Un vrai scandale pour la France, le pays de l’hôtellerie et de la gastronomie !

"Sur les 150 000 restaurants français, les trois quarts ne font que de l'industriel", assure le chef Alain Ducasse. Comme le relève un journal, "il suffit d'avoir fréquenté un spécialiste comme Metro pour voir l'infinité de produits industriels mis à disposition de ceux qui veulent restaurer sans trop se fatiguer". Le micro-onde est devenu le meilleur ami des restaurateurs adeptes de plats qu'ils ne cuisinent pas : raviolis de canard, lasagnes, bœuf bourguignon, suprême de volaille aux morilles, filet de saumon à l'oseille, desserts glacés, tout y passe.

Si tant de restaurateurs se contentent aujourd'hui de faire du réchauffé, c'est bien sûr pour des questions de coût – questions d'autant plus pressantes à l'heure où la restauration est touchée de plein fouet par la crise. "Pour baisser ses prix, il est plus judicieux d'acheter un paquet de carottes râpées plutôt que d'embaucher quelqu'un pour laver, éplucher et râper des carottes", résume M. Bézénet, du SNARR, le syndicat de la restauration rapide. Lorsque nous allons dans un fast-food, nous savons tous que la viande hachée et les frites sont surgelés avant d’être préparés et servis.  Il n’y a pas d’ambiguïté, il ne s’agit pas de restaurateurs au sens propre du terme.
Il y a peu de temps encore, personne n’osait mettre en doute la prestation culinaire du restaurateur car le consommateur pensait naïvement  qu’il était protégé par la loi, que les préposés chargés d’effectuer des contrôles assuraient l’essentiel. Personne ne pouvait imaginer que les plats préparés par le restaurateur n’étaient pas fait maison. Lequel d’entre nous était au courant de cette pratique ? En réalité, personne. Nous avons tous été victimes de tromperie sur la marchandise ! Nous devrions tous nous plaindre auprès du Ministère de la Consommation et porter plainte auprès des tribunaux, pour faire cesser ces pratiques !

En tant que client, n’est-il pas légitime de savoir ce que l’on mange ? Sur la carte du restaurateur rien ne mentionne que les produits sont « garantis frais et faits maison » et lorsque c’est le cas, le plus souvent, le consommateur de bonne foi est sujet d’allégations mensongères. Pourtant, le prix payé correspond bien à de la consommation présumée de produits frais. Sur la carte, ni l'étoile Michelin ni le label francilien de produits locaux ("Produits d'ici, cuisinés ici") ne sont mentionnés. Les guides routiers cautionnent eux-aussi en quelque sorte ces pratiques, parce qu’ils ne prennent pas les précautions de savoir comment les restaurants mentionnés dans leur guide font la cuisine, tant et si bien que le consommateur est irrémédiablement induit en erreur.

Le logo « fait maison » s’il est adopté, devra obligatoirement accompagner les plats entièrement cuisinés sur place à base de produits bruts et frais, les distinguant ainsi des plats ou ingrédients tout faits, qui ne sont pas frais, simplement réchauffés ou assemblés. Si ce logo est une bonne idée en soi,  il ne modifiera pas le comportement de la majorité des restaurateurs ni même des consommateurs.
 - Les premiers continueront à utiliser les plats cuisinés à l’avance tant que des grossistes en agro-alimentaire, Metro, Pomona, Davigel et autres  se développent pour faire des plats cuisinés qui leur sont destinés. Que dans le même temps,  les contrôles chez les restaurateurs ne sont pas effectués régulièrement et que les sanctions demeurent minimes.
- pour les seconds, si un certain nombre n’iront plus dans aucun restaurant qui ne l’affichera pas, d’autres continueront à les fréquenter pour deux raisons principales : d’une part, ils ne sont pas prêts à payer 40 ou 50 euros pour un repas servi dans un vrai restaurant, le prix étant un élément déterminant, surtout par temps de crise ; d’autre part, ils sont habitués à manger des plats cuisinés chez eux et ont depuis longtemps perdu le goût des aliments, si bien qu’ils ne font plus la différence. Un autre paramètre important : le travail en journée continue a considérablement modifié nos habitudes de consommation. Beaucoup de personnes qui travaillent vont au restaurant par obligation, et ne disposent que d’un temps limité, ½ heure maximum pour ingérer un repas, d’autres mêmes se contentent d’un sandwich.

Après la guerre, alors que la grande distribution n’existait pas encore, les revenus étaient très bas. Une grande partie du revenu disponible était destinée à l’alimentaire. Ceux qui disposaient d’un jardin produisaient eux-mêmes leurs tomates et leurs salades. Les autres achetaient au jour le jour des féculents et des produits frais car on ne connaissait pas encore les réfrigérateurs et les congélateurs. La femmes s’occupait de l’éducation des enfants, du ménage et de la cuisine, tandis que le mari travaillait à la mine. Un autre temps ...

Finalement, le client ne peut plus se fier à personne, sauf à faire la cuisine lui-même et à acheter directement auprès du producteur, comme au bon vieux temps. C’est ce qui peut lui arriver de mieux.