Il y a des jours où nous ne
sommes pas très fiers d’être français. Il aura fallu attendre 2012 pour
qu’enfin soit révélé une statistique selon laquelle une large majorité de restaurateurs
français nous sert depuis des années des plats industriels tout droit sortis de
l’usine. Un vrai scandale pour la France, le pays de l’hôtellerie et de la
gastronomie !
"Sur les 150 000 restaurants français, les trois quarts ne font que de
l'industriel", assure le chef Alain Ducasse. Comme le relève un
journal, "il suffit d'avoir
fréquenté un spécialiste comme Metro pour voir l'infinité de produits
industriels mis à disposition de ceux qui veulent restaurer sans trop se fatiguer".
Le micro-onde est devenu le meilleur ami des restaurateurs adeptes de plats
qu'ils ne cuisinent pas : raviolis de canard, lasagnes, bœuf bourguignon,
suprême de volaille aux morilles, filet de saumon à l'oseille, desserts glacés,
tout y passe.
Si tant de restaurateurs se
contentent aujourd'hui de faire du réchauffé, c'est bien sûr pour des questions
de coût – questions d'autant plus pressantes à l'heure où la restauration est
touchée de plein fouet par la crise. "Pour
baisser ses prix, il est plus judicieux d'acheter un paquet de carottes râpées
plutôt que d'embaucher quelqu'un pour laver, éplucher et râper des carottes",
résume M. Bézénet, du SNARR, le syndicat de la restauration rapide. Lorsque
nous allons dans un fast-food, nous savons tous que la viande hachée et les
frites sont surgelés avant d’être préparés et servis. Il n’y a pas d’ambiguïté, il ne s’agit pas de
restaurateurs au sens propre du terme.
Il y a peu de temps encore,
personne n’osait mettre en doute la prestation culinaire du restaurateur car le
consommateur pensait naïvement qu’il
était protégé par la loi, que les préposés chargés d’effectuer des contrôles assuraient
l’essentiel. Personne ne pouvait imaginer que les plats préparés par le
restaurateur n’étaient pas fait maison. Lequel d’entre nous était au
courant de cette pratique ? En réalité, personne. Nous avons tous été
victimes de tromperie sur la marchandise ! Nous devrions tous nous
plaindre auprès du Ministère de la Consommation et porter plainte auprès des
tribunaux, pour faire cesser ces pratiques !
En tant que client, n’est-il pas
légitime de savoir ce que l’on mange ? Sur la carte du restaurateur rien
ne mentionne que les produits sont « garantis frais et faits maison »
et lorsque c’est le cas, le plus souvent, le consommateur de bonne foi est sujet
d’allégations mensongères. Pourtant, le prix payé correspond bien à de la
consommation présumée de produits frais. Sur la carte, ni l'étoile Michelin ni
le label francilien de produits locaux ("Produits d'ici, cuisinés
ici") ne sont mentionnés. Les guides routiers cautionnent eux-aussi en
quelque sorte ces pratiques, parce qu’ils ne prennent pas les précautions de
savoir comment les restaurants mentionnés dans leur guide font la cuisine, tant
et si bien que le consommateur est irrémédiablement induit en erreur.
Le logo « fait maison »
s’il est adopté, devra obligatoirement accompagner les plats entièrement
cuisinés sur place à base de produits bruts et frais, les distinguant ainsi des
plats ou ingrédients tout faits, qui ne sont pas frais, simplement réchauffés
ou assemblés. Si ce logo est une bonne idée en soi, il ne modifiera pas le comportement de la
majorité des restaurateurs ni même des consommateurs.
- Les premiers continueront à utiliser les plats cuisinés à l’avance tant que des grossistes en agro-alimentaire, Metro, Pomona, Davigel et autres se développent pour faire des plats cuisinés qui leur sont destinés. Que dans le même temps, les contrôles chez les restaurateurs ne sont pas effectués régulièrement et que les sanctions demeurent minimes.
- Les premiers continueront à utiliser les plats cuisinés à l’avance tant que des grossistes en agro-alimentaire, Metro, Pomona, Davigel et autres se développent pour faire des plats cuisinés qui leur sont destinés. Que dans le même temps, les contrôles chez les restaurateurs ne sont pas effectués régulièrement et que les sanctions demeurent minimes.
- pour les seconds, si un certain
nombre n’iront plus dans aucun restaurant qui ne l’affichera pas, d’autres
continueront à les fréquenter pour deux raisons principales :
d’une part, ils ne sont pas prêts à payer 40 ou 50 euros pour un repas servi
dans un vrai restaurant, le prix étant un élément déterminant, surtout par
temps de crise ; d’autre part, ils sont habitués à manger des plats cuisinés
chez eux et ont depuis longtemps perdu le goût des aliments, si bien qu’ils ne
font plus la différence. Un autre paramètre important : le travail en journée
continue a considérablement modifié nos habitudes de consommation. Beaucoup
de personnes qui travaillent vont au restaurant par obligation, et ne disposent
que d’un temps limité, ½ heure maximum pour ingérer un repas, d’autres mêmes se
contentent d’un sandwich.
Après la guerre, alors que la
grande distribution n’existait pas encore, les revenus étaient très bas. Une
grande partie du revenu disponible était destinée à l’alimentaire. Ceux qui
disposaient d’un jardin produisaient eux-mêmes leurs tomates et leurs salades.
Les autres achetaient au jour le jour des féculents et des produits frais car
on ne connaissait pas encore les réfrigérateurs et les congélateurs. La femmes
s’occupait de l’éducation des enfants, du ménage et de la cuisine, tandis que
le mari travaillait à la mine. Un autre temps ...
Finalement, le client ne peut
plus se fier à personne, sauf à faire la cuisine lui-même et à acheter directement
auprès du producteur, comme au bon vieux temps. C’est ce qui peut lui arriver
de mieux.