mercredi 22 août 2012

100 jours pour rien ou presque

Dans l'extrême urgence de la situation économique qui risque encore de s'aggraver cet automne, les Français attendent toujours des mesures fortes, immédiates, lisibles, qui vont permettre d'améliorer leur vie quotidienne. L'allocation de rentrée scolaire augmentée de 25 % va dans le bon sens, encore qu'elle soit injuste et inégale dès lors que les ménages aisés en bénéficient aussi.
Déjà 100 jours se sont écoulés et presque rien à se mettre sous la dent. C'est bien ce que l'on pouvait craindre ... Il est urgent, et le mot n'est pas assez fort, de passer aux actes : sur l'emploi, celui des jeunes en particulier, la compétitivité de nos entreprises, le pouvoir d'achat des ménages, les investissements dans le bâtiment, les transports publics, l'énergie, l'éducation, la santé. Une tâche démesurée qui revient à déplacer des montagnes tant elle paraît actuellement impossible. Mais nous n'avons pas le choix, si nous ne voulons pas connaître le sort des grecs.
Par ailleurs, faut-il vraiment se réjouir de ne pas connaître la récession avec une croissance nulle ? C'est bien jouer sur les mots, car en réalité la France est bien en récession. Tous les indicateurs sont dans le rouge, le fameux carré magique de Kaldor, reposant sur les quatre indicateurs clés que sont l'emploi, les prix, la croissance et le commerce extérieur, le démontre à l'évidence.
Bref, il nous faut un plan économique et sociale sur 5 ans, avec des objectifs précis et étalonnés qui nous apporte une visibilité claire en même temps qu'il rassure. A situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles.
Notre Président et son gouvernement ont-ils vraiment pris la pleine mesure de l'ampleur de la tâche gigantesque qui les attend ? Un Président davantage plus présent sur le terrain international que sur son propre territoire. Bon, on va dire que cela fait partie de ses prérogatives et que c'était établi dans son planning dès sa prise de fonction. L'Euro, la crise des pays du Sud, la croissance européenne, des questions brûlantes certes, c'est bien et même nécessaire pour l'Europe d'en débattre et d'en décider. Nous aimerions voir aussi notre Président s'engager avec la même présence et détermination sur les problèmes franco-français. Il faut maintenant mouiller la chemise Monsieur le Président !
Voilà venue l'heure de la rentrée pour le gouvernement et qu'est-ce qu'on peut lire : le prix de l'essence et le relèvement du plafond du livret A sont au menu. Mais quand va-t-on plancher sur les vrais problèmes de fond ? Qu'ont donc fait les ministres durant ces 100 jours, sinon que de gérer le court-terme ?
Certains sont passés à l'action durant cet été : Manuel Vals s'active et constate sur place l'état des lieux après les scènes d'émeutes à Amiens, un dur constat d'une banalisation de la violence urbaine, Arnaud Montebourg demande aux entrepreneurs d'agir en "capitaines d'industries", un ministère du Redressement productif bien inefficace voire inutile, Marisol Touraine en visite dans des établissements sociaux durant ces jours de canicule, Laurent Fabius présent sur le terrain à la frontière syrienne pour affirmer la présence française, c'est bien le moins que l'on attend des membres du gouvernement.
Mais où était donc passé le Premier Ministre ? En vacances bien sûr. C'est la normalité, comme pour le Président. Dans ces temps si difficiles, était-il bien nécessaire de prendre autant de jours de repos ? alors que plus de la moitié des Français n'ont pas pu partir ...
Trop d'attentisme, trop de prudence, trop de concertations, alors que l'on attend plus de courage, plus de détermination et d'engagements, de prises de risques, des actes, des réformes. On n'en avait pris l'habitude avec l'ancienne gouvernance.