mercredi 29 août 2012

L'économie française s'enfonce dans la récession

La rentrée s'annonce périlleuse pour le Président et son Premier Ministre dont la cote de popularité, selon les derniers sondages, est en nette baisse. Il va falloir mettre les bouchées doubles. Le doute s'installe, y compris chez les socialistes, de la capacité de ce gouvernement à redresser la barre.

Les indicateurs économiques ne sont pas bons du tout : le chômage a augmenté fortement en juillet au point d'être en voie de dépasser la barre symbolique des 3 millions de chômeurs. Les entreprises n'ont jamais été autant à la peine. Le signe est venu des sociétés de travail temporaire, qui traditionnellement en cette période de l'année connaissent un pic d'activité notamment dans le bâtiment, les travaux publics et le tourisme, ont constaté une baisse des besoins en personnels intérimaires. Preuve que l'activité n'a pas fonctionné comme d'habitude.

La croissance est depuis plusieurs mois au poids mort. Et chez nos voisins européens, la tendance à la baisse de l'activité se confirme aussi. On peut donc s'attendre logiquement à une régression générale de l'activité. Du coup, par effet mécanique, le nombre de chômeurs va encore augmenter (voir l'article "Le gouvernement tarde à prendre des mesures contre le chômage"). L'initiative du gouvernement de mettre en place 150 000 contrats emplois d'avenir est une bouffée d'oxygène pour les jeunes en difficulté, encore faudrait-il s'entendre sur la définition des emplois d'avenir. Cela ne résout pas le problème des jeunes diplômés à Bac +4 voire plus qui, à défaut de trouver un emploi en relation avec leur niveau de formation, sont quasiment contraints d'accepter des emplois précaires mal rémunérés. Il est urgent d'en faire davantage car le chômage concerne toutes les catégories sociales et tous les âges. Cette mesure demeure insuffisante, même s'il faut bien reconnaitre que l'Etat ne peut pas tout faire. L'employeur principal c'est bien l'entreprise. Comment faire lorsque les entreprises ne sont pas confiantes dans l'avenir ? C'est bien là tout le problème. Les investissements ralentissent dans cette période incertaine où l'on a aucune visibilité à court et moyen terme.

Si l'amélioration de la compétitivité de nos entreprises est aussi une nécessité pour le moyen-long terme, il n'en reste pas moins que seules 25 % d'entre elles sont réellement et directement concerné par les exportations. Les autres travaillent pour le marché intérieur. Cela ne veut pas dire qu'il ne faille pas chercher à améliorer notre balance commerciale très déficitaire, bien au contraire, il convient d'agir sur deux fronts, rattraper notre compétitivité pour améliorer les exportations et en même temps réduire les importations où la consommation énergétique représente le gros morceau.

Le "produire français" doit être encouragé, et tout de suite, dans des secteurs où nous avons perdu nos emplois : l'industrie en général, le textile, l'agroalimentaire, et dans le même temps freiner l'ardeur de certaines d'aller voir ailleurs : c'est toute la mission dévolue au Ministre du Redressement productif. Une mission clé, ô combien difficile, et qui doit être exercée avec le plus grand sérieux.  Arnaud Montebourg ferait bien de se concentrer uniquement dans l'action, en cherchant à rassembler dans son camp tous les moyens matériels et humains disponibles pour mobiliser les entreprises à faire des efforts pour préserver les emplois, aider celles dont l'équilibre financier est plus que précaire, empêcher enfin celles qui voudraient partir. Ce n'est pas le moment de les abandonner ou de laisser faire, ce sont encore elles qui créent de l'activité et des emplois.

L'engagement de l'Etat n'est jamais autant nécessaire que dans cette période difficile, en donnant l'exemple et la voie à suivre tout en rassurant nos compatriotes. L'économie précède le social, et on ne pourra commencer à parler de justice sociale que dans la mesure où les richesses créées le permettront, sinon on ne fera que partager la pénurie. De toutes les façons, qu'il s'agisse de l'emploi, de la croissance, des échanges extérieurs, le temps presse, il faut agir si nous ne voulons pas que l'économie française s'installe durablement dans la récession.

Des mesures fortes doivent être prises dès maintenant, pour certaines il n'y a vraiment plus de place aux discussions et aux négociations, n'en déplaise au Premier ministre, car la situation commande d'agir vite. Des engagements précis qui exigent à la fois d'avoir une vision claire de la situation mais aussi du courage et de la détermination, quitte à prendre des risques. Les Français attendent du concret, même s'ils comprennent tout à fait qu'il n'est pas possible de tout faire en même temps et tout de suite. Alors leur participation sollicitée par le Premier ministre permettra de donner un sens à l'effort qui leur est demandé.

mercredi 22 août 2012

100 jours pour rien ou presque

Dans l'extrême urgence de la situation économique qui risque encore de s'aggraver cet automne, les Français attendent toujours des mesures fortes, immédiates, lisibles, qui vont permettre d'améliorer leur vie quotidienne. L'allocation de rentrée scolaire augmentée de 25 % va dans le bon sens, encore qu'elle soit injuste et inégale dès lors que les ménages aisés en bénéficient aussi.
Déjà 100 jours se sont écoulés et presque rien à se mettre sous la dent. C'est bien ce que l'on pouvait craindre ... Il est urgent, et le mot n'est pas assez fort, de passer aux actes : sur l'emploi, celui des jeunes en particulier, la compétitivité de nos entreprises, le pouvoir d'achat des ménages, les investissements dans le bâtiment, les transports publics, l'énergie, l'éducation, la santé. Une tâche démesurée qui revient à déplacer des montagnes tant elle paraît actuellement impossible. Mais nous n'avons pas le choix, si nous ne voulons pas connaître le sort des grecs.
Par ailleurs, faut-il vraiment se réjouir de ne pas connaître la récession avec une croissance nulle ? C'est bien jouer sur les mots, car en réalité la France est bien en récession. Tous les indicateurs sont dans le rouge, le fameux carré magique de Kaldor, reposant sur les quatre indicateurs clés que sont l'emploi, les prix, la croissance et le commerce extérieur, le démontre à l'évidence.
Bref, il nous faut un plan économique et sociale sur 5 ans, avec des objectifs précis et étalonnés qui nous apporte une visibilité claire en même temps qu'il rassure. A situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles.
Notre Président et son gouvernement ont-ils vraiment pris la pleine mesure de l'ampleur de la tâche gigantesque qui les attend ? Un Président davantage plus présent sur le terrain international que sur son propre territoire. Bon, on va dire que cela fait partie de ses prérogatives et que c'était établi dans son planning dès sa prise de fonction. L'Euro, la crise des pays du Sud, la croissance européenne, des questions brûlantes certes, c'est bien et même nécessaire pour l'Europe d'en débattre et d'en décider. Nous aimerions voir aussi notre Président s'engager avec la même présence et détermination sur les problèmes franco-français. Il faut maintenant mouiller la chemise Monsieur le Président !
Voilà venue l'heure de la rentrée pour le gouvernement et qu'est-ce qu'on peut lire : le prix de l'essence et le relèvement du plafond du livret A sont au menu. Mais quand va-t-on plancher sur les vrais problèmes de fond ? Qu'ont donc fait les ministres durant ces 100 jours, sinon que de gérer le court-terme ?
Certains sont passés à l'action durant cet été : Manuel Vals s'active et constate sur place l'état des lieux après les scènes d'émeutes à Amiens, un dur constat d'une banalisation de la violence urbaine, Arnaud Montebourg demande aux entrepreneurs d'agir en "capitaines d'industries", un ministère du Redressement productif bien inefficace voire inutile, Marisol Touraine en visite dans des établissements sociaux durant ces jours de canicule, Laurent Fabius présent sur le terrain à la frontière syrienne pour affirmer la présence française, c'est bien le moins que l'on attend des membres du gouvernement.
Mais où était donc passé le Premier Ministre ? En vacances bien sûr. C'est la normalité, comme pour le Président. Dans ces temps si difficiles, était-il bien nécessaire de prendre autant de jours de repos ? alors que plus de la moitié des Français n'ont pas pu partir ...
Trop d'attentisme, trop de prudence, trop de concertations, alors que l'on attend plus de courage, plus de détermination et d'engagements, de prises de risques, des actes, des réformes. On n'en avait pris l'habitude avec l'ancienne gouvernance.