mardi 23 octobre 2007

Guy Moquet, c'est qui ?

"Qui connaît Guy Moquet ? Levez la main". dit le professeur à sa classe de Terminale dont les élèves ont une moyenne d'âge de 18 ans Personne ne répond, et pour cause, s'il fallait connaître le nom de tous les résistants morts pour la France !

Bien embarrassé, le jeune professeur exécute les consignes qui lui ont été dictées par sa hiérarchie, malgré lui et bien embarrassé, il continue et leur dit "je vais vous lire une lettre d'un jeune résistant de 17 ans mort pour la France".

Très touchés et bouleversés, les élèves gardent un long silence. Il y a de quoi. Les derniers mots que ce jeune résistant a écrit à ses parents sont très touchants. Sa toute dernière lettre avant d'être tué par les SS allemands.

Nul doute qu'elle aura marqué les esprits consciemment mais plus profondément aura touché leur subconscient. Par les propos tenus, elle ressemble étrangement à celle qu'aurait pu écrire un jeune désoeuvré, dégoûté, candidat au suicide. Sauf que le contexte n'est pas le même. Le jeune résistant est mort parce qu'il n'avait plus le choix une fois que les allemands l'avaient capturé. Alors que certains jeunes d'aujourd'hui en mal être, psychologiquement affaiblis, en totale perte de repères à cause de rupture familiale ou de rupture avec la société sont des candidats potentiels au suicide. Il ne leur manque que le déclic. Cette lettre peut donc comporter un risque chez ces jeunes fragilisés et créer un effet d'imitation.

Du point de vue historique, elle n'apporte rien qui ne soit déjà connu. Les lycéens ont vu ou vont étudier la Résistance intégrée dans leur programme notamment dans le cadre de leur cours d'Histoire étudiés avec leurs professeurs.
La mission du professeur est de leur présenter la Résistance non pas sous l'aspect patriotique ou émotionnel mais tels que les historiens l'ont étudiée c'est-à-dire avec la rigueur et l'objectivité nécessaires pour une bonne compréhension de la réalité des faits.
Or, cette lettre embarrasse le jeune professeur car elle est forcément subjective et éveille le patriotisme. Quelque part, des jeunes peuvent se sentir dévalorisés, voire culpabilisés car on leur montre comment un jeune homme de leur âge a risqué sa vie au nom du patriotisme, de la liberté, de la France. Et ils n'ont pas besoin de ça, au contraire, ils ont besoin d'être rassurés, d'être mis en confiance.

Et voila que l'on confond tout : l'histoire et la mémoire. Bien sûr, nous gardons tous en mémoire l'atrocité de cette guerre et les nombreuses victimes du côté des résistants. C'est pourquoi il faut continuer à commémorer le souvenir de ces résistants morts pour la France.
Mais l'histoire telle qu'elle doit être enseignée doit rester objective. Au lieu de la lettre, il aurait été souhaitable d'organiser une journée de souvenir des résistants organisée dans le milieu scolaire.

Du point de vue politique, il est clair que sorti de son contexte, la lecture d'une telle lettre ne peut pas trouver d'écho d'ordre historique. Il s'agit d'une manœuvre de diversion bien réfléchie et préparée par un gouvernement et un chef d'Etat qui commencent à voir que les objectifs fixés à court terme sont loin d'être atteints et plutôt que d'aborder de front les questions difficiles du pouvoir d'achat, de l'emploi veulent déplacer le débat et les médias sur d'autres sujets.

Mais les Français ne sont pas dupes et ont bien compris la manœuvre. Le Président et son gouvernement auront bientôt le dos au mur car ils devront rendre des comptes. On ne peut plus maintenant expliquer aux Français que pour toutes les questions économiques ou sociales il faille attendre encore cinq ans. Le temps presse et les Français vont finir par perdre patience. Déjà, ici et là des mouvements de grèves d'ampleur ont eu lieu suivis très certainement par d'autres si la situation économique et sociale ne changent pas.

Une situation économique et sociale française catastrophique. Un premier ministre qui n'hésite pas à utiliser le mot faillite en parlant de l'Etat. Tout cela n'est pas pour nous rassurer, loin de là. Et personne ne voit la sortie du tunnel.

Attention messieurs les responsables politiques ! Les jours vous sont comptés !